vendredi 25 septembre 2015

LA PRÉSENCE ROMAINE DANS LA VALLÉE DE CHLEF (Algérie)



  LA PRÉSENCE ROMAINE DANS LA CITÉ

                           CASTELLUM   TINGITANUM

                                             LA VALLÉE DU CHÉLIFF


Chlef  (Algérieest la capitale d'une province . 
Elle est située à 200 km au nord-ouest de la capitale , Cette ville a été fondée en 1843,puis baptisée Orléansville, au nom du duc du même nom , sur les ruines romaines de  Castellum Tingitanum  .En 1962, elle a été rebaptisée Al-Asnam, puis Chlef en 1980 par superstition au séisme 






























CHÂTEAU DU BAS EMPIRE








TOUR DE DÉFENSE
                                                             
                                                           
                                                                     
                                                                                                                      
    





                                                             FORTERESSE ROMAINE
                                                             
                             


URNE ROMAINE

                                                         


                                                               VESTIGE DE PONT  ROMAIN





MURAILLE DE TÉNES



BÂTISSE COLONIALE


PONT







PORTE DONNANT SUR LA MER



VILLE ROMAINE    

                            

  




                                                               

CIMETIÈRE










jeudi 10 septembre 2015

LES MÉFAITS DU TABAC

LE FLÉAU DU TABAC

Lorsque au cours des journées de ramadan, je sors déambuler ou faire des courses  pour passer le temps, ce qui m’attire le plus ce sont les disputes publiques, d’abord parce ce que les scènes ne se ressemblent pas, ensuite on doit profiter de ce mois pour bien apprécier des spectacles qu’on n’a  rarement l’occasion de voir durant les autres périodes de l’année, des agressions publiques vocales et même parfois physiques. Ce comportement est généralement mis sur  dos du jeûne, pour ne pas avoir le courage d’accuser notre propre responsabilité  concernant nos défauts. Bien sûr lorsque on parle du mois de ramadan, ce n’est pas le mois sacré en lui-même qui est désigné, mais les conséquences provoquées par le jeûne continue. Certains ont l’habitude de manger des friandises, d’autres fumer ,mais à mon avis  l’argument le  plus remarquable que nous constatons, c’est la privation de la cigarette ou du tabac à chiquer.Cette  consommation qui n’ajoute rien à l’homme, mais au contraire le détruit, est un fléau tant à ceux qui la consomment que pour ceux qui se trouvent dans un proche environnement, le fumeur passif étant le plus touché.


Lorsque on demande aux fumeurs pourquoi ne veulent-ils  pas cesser de fumer, ils nous répondent qu’ils ont déjà essayé, mais ils n’ont pas pu. En réalité, dans leur esprit ce sont eux qui rejettent l’idée  même d’arrêter, sachant que c’est une drogue, qu’il est pratiquement difficile et même impossible d’arrêter jusque à la mort. Ce n’est point parce qu’elle leur procure du plaisir, mais parce que c’est devenu un besoin inaliénable pour leur corps.Je ne fais pas cette analyse seulement pour critiquer ceux qui fument, mais surtout pour alerter ceux qui ne sont pas encore touchés. Pendant ma jeunesse, je suis entré innocemment dans l’engrenage de ce fléau, mais contrairement à la majorité des fumeurs, j’ai eu le courage de prendre la décision qu’il faut pendant qu’il était temps. Bien qu’il s’agisse d’un événement qui date de plus de vingt ans, je me souviens des moindres détails. Cela avait coïncidé avec la naissance de ma fille Keltoum qui à présent a déjà obtenu sa licence d’anglais depuis longtemps, pour vous donner une petite idée du temps  passé.
C’était la saison d’hiver , on fumait généralement les cigarettes locales ,il y avait déjà un moment  que ce tabac me procurait des quintes de toux qui ne voulaient pas cesser malgré les quantités de sirop alignés sur ma table de nuit. Ne pouvant sortir fumer dehors à cause du froid, j’étais obligé de rester à l’intérieur, fumant dans la même pièce que  ma fille , et c’est beaucoup plus pour cette situation dramatique qui m'a incité à réfléchir à la manière de remédier à l'intoxication dosée de mes enfants, ma femme et plus grave sur ma propre personne.
Dans le bureau d'études où je travaillais, c’était pire, parce que j’avais un collègue nommé Rachid , architecte de son état qui venait souvent  me rendre visite dans mon bureau et il se trouve qu’il fumait beaucoup plus que moi. Alors un soir au moment de me coucher, je décidais de réfléchir à la façon de faire afin de prendre le dessus sur ce fléau. Je savais qu’il y avait couramment  certaines personnes qui ont tenté l’aventure mais cela n’avait pas duré très longtemps. Le lendemain, je me réveillais avec une idée qui me paraissait réalisable, du moins en ce qui concerne ma personne et j'en fis donc part  à mon ami Rachid qui la trouva intéressante. Voici comment était mon plan : il fallait que nous jeûnions durant toute la journée, et le soir venu après le dîner nous devions nous abstenir de fumer. Pour que ce fut efficace, ce régime  devait s’étaler sur au moins une semaine et plus .Mon ami Rachid n’ayant pas de meilleur choix accepta ma proposition et nous scellâmes notre projet.

Je ne peux pas nier que cela a été très dur, avec des maux de tête terribles, mais on s’est encouragé mutuellement à deux en nous disant qu’il valait mieux supporter une période de maux de tête , que de risquer plus tard des maladies pulmonaires graves. Je me souviens très bien que notre régime avait à peine duré tout au plus entre une semaine et dix jours . Je dois insister sur le fait  que depuis lors (plus de 25 ans), ni moi, ni mon ami Rachid n'avons touché à une seule cigarette, ni à une seule goutte de sirop non plus. Je n’ai pas publié cet article dans l'intention de parler de ma personne , mais pour faire vraiment peur aux fumeurs qui dépensent leur argent pour se faire du mal.Cet exemple  est un témoignage vécu pour ceux qui veulent se débarrasser définitivement de ce fléau qu’est le tabac. Mise à part une volonté personnelle, il n’existe ni patch ni autre remède qui puisse l'arrêter,c’est faux. Je n’ai pas cité le tabac à priser, mais le même traitement doit donner un résultat équivalent. J’insiste pour le fait d’une grande volonté et de patience, mais qu’est-ce qu’un sacrifice d’une semaine ou deux, par rapport à des  conséquences graves allant parfois à des cancers sans espoir? Lorsqu’on demande aux fumeurs si le tabac est proscrit, il nous répond non il est juste déconseillé , une manère se s’autoriser des interdictions. Ö vous qui  jetez votre argent ,si votre santé vous importe peu, pensez au mal que vous faites à vos proches . Il est important de savoir qu'il est pratiquement impossible d'arrêter le tabac sans pratiquer le jeûne durant toute la journée et dans ce cadre, je pense que les musulmans auront moins de peine.

PS: Coïncidence dramatique, au moment même où j'écrivais cet article , je reçus la triste nouvelle du décès de mon  beau-frère ayant mon âge, qui avait subi auparavant l'ablation du poumon.Il a laissé une femme et deux enfants.
                                                                                  M'Hammed ETTAIEB.



mercredi 9 septembre 2015

L' ÉCOLE  MATERNELLE  D'AFFREVILLE

Parmi les événements les plus mémorables de la vie d'un enfant est sans doute l’entrée en classe de  première année scolaire qu'on nomme l'école maternelle.Cette appellation est due au fait qu’il se produit à cet âge une rupture entre la période de liberté et d’insouciance dont jouissent les enfants avant la scolarité , et le fait que  l’enfant se découvre non  préparé aux usages de communication de l’éducateur, ainsi que sa relative adaptation aux matières telles que le langage et les rudiments du calcul. La méthode préscolaire préconisée actuellement appelée préparatoire mais  non obligatoire est la crèche  ou garderie qui consiste seulement à surveiller des enfants ou les occuper avec des jeux alors que  la plupart de ces établissements sont privés. Les jardins d'enfants de la commune appelés souvent garderies sont des établissements comportant plusieurs classes relevant des prérogatives des collectivités locales et gérés par la municipalité.
Durant l'époque coloniale, il existait des structures traditionnelles ainsi que les classes maternelles qui prenaient en charge les enfants en vue de leur préparation à la scolarité, mais aux lendemains de l'indépendance, avec les perspectives de « démocratisation de l'enseignement » et compte tenu des moyens existants, la priorité a été accordée à la scolarisation obligatoire des enfants à partie de 6 ans.
Je me souviens très bien de mon premier jour de maternelle.Comme tous les événements importants me concernant je n'étais pas mis au courant jusqu'à la dernière minute, car connaissant mon caractère rebelle, on redoutait une manifestation d’une escapade inopinée. Et ce matin-là, lorsque ma mère me vêtit de mes beaux apparats sans me donner de détails, le doute me prit mais sans que je sache exactement de quoi il s'agissait . Cependant lorsque je vis arriver à la maison mon oncle maternel, je sus par incidence qu'il avait été appelé pour accomplir une mission spécifique me concernant, dont mon père était dans l'incapacité physique et morale d’effectuer. Mon maternel habitait la ferme de mon grand père maternel ou je suis né . Je  compris de suite qu'il s'agissait d'une mission, parce qu'il existait des antécédents entre nous et le plus mémorable reste celui de mon baptême . Mon grand père maternel avait une belle ferme et j'y passais beaucoup de mon temps car j'étais l'aîné de mes frères et sœurs et je disposais de grands privilèges auprès de lui. Ce sont en fait les meilleurs moments de ma vie. En plus des étables de moutons, mon grand père possédait pas très loin de la ferme un jardin magnifique qui s’appelait Bouzaher. Dans ce jardin il y avait trouvait toutes sortes d'arbres fruitiers et qui étaient tellement hauts qu'on ne pouvait voir le ciel. Tout au long de ce jardin à même l'intérieur coulait un petit ruisseau autour duquel régnaient une fraîcheur agréable et un calme reposant.
La date de mon baptême approchant, nous partîmes à la ferme, mais on fit tout pour me cacher l'événement. Plus le moment approchait et plus je sentais qu'il se préparait quelque chose à mon insu. Mais le jour où on m'habilla d'un joli costume blanc, je compris que mon jour était venu, mais tout le monde savait aussi qu'on n'allait pas  m'avoir si facilement. Esseulé, sans aucun allié, je me mis à réfléchir au moyen d'une échappatoire sûre qui me permettrait au moins de repousser  l'échéance redoutée .On était à l'approche de l’été, et les beaux épis de blé étaient très hauts , en tout cas plus que moi. Ma naïveté enfantine me fit voir là, le salut recherché et j'ai vite couru  m'y réfugier. Mais lorsque l'ordre à la chasse à l'homme fut donné, j'ai été trahi par mes mouvements et la meute dirigée par mon oncle bien aimé ne tarda pas à m'encercler, et c'est encore lui qui eut le privilège de me capturer.Et comme je me débattais de toutes mes forces et que lui aussi portait  un bel habit je n'ai pas hésité à  le lui lacérer avec ma belle dentition.
La lecture de cet épisode était utile  pour la suite, c'est-à-dire le jour de la rentrée à l'école maternelle. Comme cité plus haut, les beaux habits que je portais ce jour-là me donnaient de l'inquiétude, parce que ce n'était pas un jour de fête, et je n'avais aucune information  de ce qui allait se passer . L'heure étant arrivée pour m'emmener à l'école mon oncle finit par  me surprendre et utilisa le même procédé que celui utilisé le jour du baptême . Naturellement j'ai aussi utilisé  ma réplique habituelle, c'est à dire que son habit devait arriver en lambeaux. Le lendemain, la présence de mon oncle ne fût plus nécessaire, car dans le nouveau cadre de vie où on m'a envoyé, j'étais entouré de charmants bambins en ayant comme institutrice une agréable jeune dame , je finis par m'accoutumer rapidement à la vie  communautaire.

mardi 8 septembre 2015

Le Lycée Technique de Ruisseau, Alger

LE LYCÉE TECHNIQUE DE RUISSEAU

 Ma génération de la classe de troisième du collège d'Affreville  (département d'Orléansville) a eu le privilège de faire partie de la première  promotion ayant passé le brevet dans l'Algérie indépendante à Affreville, plus précisément les deux brevets, héritages de la culture française. Le premier étant le  B.E.P.C  Brevet Élémentaire du Premier Cycle et le second  B.E s'intitulant Brevet de Capacité pour l'Enseignement Primaire .Bien que le second  n'étant pas obligatoire, il représentait  par contre un niveau plus élevé et permettait à son possesseur d'enseigner dans une école primaire. Notre classe était mixte et nous représentions tout au plus une vingtaine d'élèves, filles et garçons. La plupart des enseignants français partis après le cessez-le feu, c'était monsieur Yahi  qui nous enseignais la plupart des matières, et la fin de l'année fût couronnée de cent pour cent de succès pour le B.E.P.C et de quatre vingt pour cent en ce qui concerne le Brevet Élémentaire. Les vacances d'été qui ont suivi nous ont permis d'avoir le temps de nous inscrire dans l'établissement de notre choix. Le destin voulût que le lycée technique de Ruisseau à Alger fasse une annonce  à l'échelle nationale et c'est Haouache, l'un de  mes camarades de classe qui m'en informa. Haouache était orphelin de père et faisait ses devoirs toute l'année sous la lumière des bougies, mais il était toujours classé premier de la classe. Amriou le camarade que je fréquentais le plus régulièrement grâce aux romans policiers que nous échangions , accepta également d'en faire partie et nous sommes allés à la poste, avec un franc  envoyer le télégramme de confirmation.
 Pour les élèves n'habitant pas l'algérois le  régime instauré dans ce lycée était l'internat et nous devions prévoir un trousseau. Mon père étant absent à cette période, chargea  monsieur Amriou père de s'occuper de l'achat des deux trousseaux. Le jour de la rentrée quelle ne fût pas ma surprise de constater que mon ami  portait exactement les même vêtements que les miens. Monsieur Amriou ne trouva pas mieux que de nous cloner avec des vêtement identiques, jusqu'aux sous-vêtements et chaussettes tant qu'au lycée on nous a pris pour des jumeaux. Habitués aux libertés, nous mettrons longtemps à nous accoutumer au régime disciplinaire et restrictif de l'internat. Mon problème ce n'était pas le réveil tôt le matin, mais l'extinction des lumières le soir à une heure fixe qui a perturbée  mon habitude de lire avant de dormir. Après réflexion j'ai pensé utiliser une torche électrique pour finir mes épisodes, mais je me faisais souvent prendre par les surveillants, et les coups pleuvaient. Les meilleurs moments du dortoir, c'étaient le soir où il y avait un match de football  de l'équipe nationale au stade du Ruisseau .Nos fenêtres donnaient directement  sur le stade et on se régalait lorsqu'il y avait un match car  on nous autorisait ces soirs-là de nous coucher plus tard.
  En ce qui concernait les repas, nous avions un grand réfectoire et c'était pour nous  le meilleur moment de la journée. Nous étions six par table, et c'était moi qui étais toujours désigné chef de table toute l'année.  Moi ,ça ne me gênait pas, au contraire  cela me donnait des privilèges .A ce sujet je me suis toujours demandé pour quelle raison on me choisissait chaque fois pour cette fonction, chef d'équipe, chef de classe, chef de poste et même dans ma famille je suis l'aîné. Pourtant dans ma classe, j'étais le plus jeune de tous depuis que M. Berzane instituteur de la classe du cours élémentaire de l'école Lafayette m'a fait  passer directement au CM1 parce que toute l'année que j'ai passée avec lui, je n'avais jamais eu moins de 10, ni en devoirs ni en compositions et grâce à cette performance on me fit sauter la classe de CE2. En réalité j'étais personnellement  beaucoup plus content d'éviter M. Djouaher le directeur de l'école et  même temps instituteur à la classe de CE2. M. Djouaher  était craint de tous les élèves à cause de sa grande sévérité. Donc au réfectoire mes compagnons de table étaient bien contents de m'avoir avec eux, parce que grâce à moi  ils mangeaient tous les jours une ration de plus .Ma place était  toujours au bout de la table du coté du passage du chariot qui ramenait les plateaux de nourriture, et c'était moi qui  distribuais les parts .Ma stratégie était simple: lorsque le chariot  arrivait à ma hauteur , j'attendais que l'employé se tourne pour servir la  rangée d'en face, je prenais rapidement un plateau et je le faisais passer sous la table de façon à ce que mes camarades le tiennent discrètement en attendant qu'on nous serve notre part .Ainsi notre table avait une double ration toute l'année et lorsque je débarquais à la maison ma mère me disait "Tu as bonne mine, l'internat te va bien.
 Au lycée ,notre emploi du temps comptait  huit heures de cours par jour contrairement aux autres établissements qui n'en avaient que six. Outre les matières classiques, on étudiait le dessin industriel et on apprenait aussi à utiliser à l'atelier  les machines outils, tels  le fraisage, le tournage, la chaudronnerie, la menuiserie et même la forge. Moi ce que j'aimais le plus c'était les cours de  français et de physique-chimie, matières dans lesquelles j'excellais. Peut-être était-ce dû aux professeurs et à leur méthode . Grace à mes grandes aptitudes en physique-chimie, le professeur  M. Dahen qui était juif m'estimait tellement qu'il me traitait comme un ami. Pour les expériences pratiques c'était toujours à moi qu'il faisait appel.Il possédait une 2 CV camionnette et chaque fois que j'avais cours avec lui en fin de journée, il me faisait monter discrètement à l'arrière de son véhicule et me déposait en dehors du lycée. Cela me donnait l'occasion de changer les idées, je m'attablais dans un café ou bien j'allais me promener quelque part. Le plus difficile était le retour parce que je devais passer par la surveillance .La clôture du lycée était faite de barreaux métalliques, mais en cherchant minutieusement je suis arrivé un jour à trouver une ouverture  ce qui me permettait à chaque fois de regagner le lycée discrètement. Malheureusement un jour je fus repéré par un surveillant qui a couru après moi, heureusement sans  me rattraper et depuis on a fermé ce passage ce qui m'a enlevé tout espoir de promenade . Plus tard ma vie professionnelle aura été en grande partie influencée par M. Dahen grâce aux méthodes avec lesquelles il nous a fait aimer les sciences physiques.
En fin de journée après les cours, les internes avaient droit à un goûter constitué d'un bout de pain et d'un morceau de chocolat, et avant le dîner, nous rejoignions les salles d'études pour faire nos devoirs.  Pour ma part j'étais passionné par la correspondance, d'abord  parce que j'aimais beaucoup écrire (jusqu'à présent), ensuite c'était le seul moyen pour nous de communiquer avec des personnes en dehors du pays .Comme nous n'avions pas la presse étrangère  et encore moins les revues, il fallait trouver des stratagèmes pour enrichir notre quotidien culturel. La correspondance pour nous c'était un pont virtuel qui nous permettait d'échanger et d'avoir l'occasion de connaitre les us et coutumes  de citoyens d'autres continents,  un partage mutuel, instinctif et  sans préjugé. Oui, mais comment trouver des contacts qui vous font confiance pour tisser des relations d'amitié ou au moins d'échanges. Après des recherches, j'ai réussi à découvrir une formule payante à l'étranger, mais comment payer ? Je suis donc allé à la poste pour essayer d'avoir des informations à ce sujet et finalement j'ai réussi à trouver la solution à mon idée. J'ai pu savoir qu'une contrepartie financière pouvait se faire avec des timbres postaux, puisque ceux-ci avaient une valeur financière. Evidemment  je parle du temps ou notre monnaie était encore en Francs. Les responsables de cette transaction offraient comme bonus  une correspondance gratuite pour deux  payées. De cette manière, je me suis mis à inscrire les internes qui étaient bien contents, et par ce fait j'ai réussi à avoir pour mon compte plusieurs correspondantes gratuites. Mais  vu le temps que cela prenait pour écrire, je me suis limité à un maximum de quatre : une française, une belge, une hollandaise et une allemande dont leurs photos sont conservées jusqu'à présent .

 Il ne faut pas négliger non plus l'usage des distractions tel le sport, pour lequel j'avais de bonnes aptitudes ce qui me permettait de participer  à des compétions locales et nationales dans le domaine de l'athlétisme dans lequel  j'obtenais de bons résultats  sans  entraînement préalable. Je représentais aussi un assez bon gardien de but  (héritage du collège d'Affreville), que ce soit en handball ou en football. Dans le lycée-même nous possédions un véritable stade de football  .Nous avions aussi une salle de cinéma où on  avait droit tous les jeudi soir, à  la projection d'un film  suivi d'un débat dirigé par le  professeur de français. Ah, j'allais oublier une activité qui faisait partie de nos divertissements. Bien que pour les responsables cela représentait une corvée, pour nous et particulièrement les internes, on y trouvait un moyen de distraction. Pendant la période du printemps, il y avait ce qu'on appelait la campagne de reboisement .Théoriquement c'était considéré comme un volontariat, mais en réalité, on ne nous demandait par notre avis. Cela consistait  à nous emmener les dimanches (journée fériée de l'époque)  dans la forêt pour planter des arbres et vu que les autobus étaient rares, on nous transportait à l'arrière de camions. Mais il y avait une bonne ambiance et pour nous c'était une occasion de défoulement d'autant plus que c'était mixte et après plusieurs jours d'enfermement à l'internat nous étions  bien contents d'engager des discussions enrichissantes tout en plantant des arbres.
Dans le domaine de la discipline, le seul handicap  était le lundi matin, premier jour de la semaine. Avant j'allais sur Alger le vendredi soir et je passais la nuit chez ma tante qui habite  rue du Docteur Bureau ,  pas très loin du  Ruisseau, en montant vers Kouba et le  lendemain je me présentais à l'heure  .Seulement je n'ai plus 'utilisé cet méthode suite à un incident. D'habitude je prends le train et j'arrive le soir chez  ma tante, mais un jour, je l'ai trouvée absente et comme je n'avais pas le choix oü aller, je décidais de passer la nuit dehors sur le perron de la porte. En général je ramenais avec moi le linge lavé, et en regardant dans mon cabas j'eus la chance de trouver un drap. Je me suis donc allongé sur la marche devant la porte et comme il faisait un peu frais, je me couvris avec le drap. C'était une ruelle mal éclairée, mais contrairement à nos jours, il n'existait pas  de gens mal intentionnés .Au moment ou  mes yeux commençaient à se fermer, j'entendis des pas ,c'était quelqu'un qui montait la ruelle tout en chantonnant et cela se voyait qu'il était saoul. Alors je me suis allongé sur le perron en me couvrant entièrement avec le drap blanc tout en épiant d'un œil son comportement. J'ai encore en mémoire l' image dans ma tête. Au moment où il est arrivé à ma hauteur et qu'il m'aperçut, il fit brusquement demi-tour et détala à toute vitesse .
  Cet événement me rappelle justement une autre circonstance, mais beaucoup plus drôle (en tout cas pour moi) et ayant  le mérite d'être rapporté. Juste après le cessez-le-feu signé par l'Algérie et la France en mars 1962 , alors que je trouvais devant la maison, en compagnie de mon ami  Miloudi,  lui aussi bon guitariste mais vivant depuis aux Etats-Unis. Des voisins du quartier  nous ont  accosté et nous ont tenu ce langage: "Mes amis l'heure est grave et le pays a besoin de volontaires  pour surveiller la nuit certains quartiers de la ville . Pensant qu'on allait nous confier la responsabilité de notre quartier, nous avons accepté  mais quelle fut notre surprise lorsqu'ils nous ont indiqué le cimetière comme lieu de notre mission. Mon ami et moi  ne pouvant retirer notre parole pour une responsabilité aussi patriotique que de surveiller les morts, nous avons acquiescé puisque de toutes les façons il nous arrivait souvent  de passer la nuit dehors avec nos guitares et à fortiori  nous savions pertinemment que les morts plus inoffensifs que les vivants .Une fois la nuit venue nous avons pris de quoi manger ainsi que quelques draps et nous sommes montés au cimetière situé à l'extrémité nord de la ville. Le ciel était clair et il régnait un silence apaisant.Cela ne pourrait être autrement, me diriez-vous .La présence d'un ami fait qu'on ne sent pas le temps passer, et les sujets de conversation ne tarissent pas, grâce à notre une sincère amitié. Mais au cours de nos discussions il me vint tout à une idée que j'exposai à mon camarade. Le secrétaire de l'inspecteur et professeur  monsieur Yahi habitait près du cimetière, et je savais que c'était son trajet habituel pour rentrer chez lui, puisqu'en général  monsieur Yahi le libère assez tard. Effectivement au bout d'un moment il ne tarda pas à se montrer et on le vit traverser  le  cimetière d'un pas vif et léger puisqu'il y était habitué .Il se dirigea vers notre direction et dès qu'il fût assez proche , nous nous  couvrîmes tous les deux des  draps blancs que nous avions ramenés avec nous et à l'unisson nous nous levâmes brusquement  en gesticulant dans tous les sens. La  scène qui s'ensuivit restera toujours vivante dans nos mémoires .Il se mit  à courir de toutes ses forces et dans tous les sens en piétinant les morts  et  les témoins des tombes sur son passage. Cet intermède nous a complètement fait oublier notre solitude jusqu'au matin. Le lendemain nous sommes  allés rendre visite à notre victime  à son bureau. Ses jambes étaient complètement ensanglantées et il nous a répondu que c'était le cyclomoteur qui lui avait fait ça. Que Dieu nous pardonne.
Donc depuis cette nuit passée sur le perron de ma tante, j'ai décidé de changer d'horaire pour les rentrées du week-end  quitte à me faire des remontrances de la part du surveillant général. À cette époque, il n'y avait ni train et encore moins un bus qui arrivaient tôt le matin à Alger. L'inspecteur de l'école primaire  monsieur Bounadja, chez lequel mon père occupait le poste de secrétaire général, faisait la navette tous les lundi matin sur la capitale et lorsqu'il me proposa de me prendre avec lui chaque semaine, j'ai accepté. Il possédait  une vieille Citröen Ami8  qui atteignait difficilement les  aux soixante kilomètres à l'heure.Comme il ne démarrait pas très tôt, tous les lundi  j'arrivais en retard  au lycée où je retrouvais monsieur Chanu le surveillant général qui m'attendait à l'entrée  :       « Alors Ettaieb, encore en retard ? ». Un de ces matins,  excédé , il  me barra le passage et m'apostropha : «Ettaieb reviens d'où  tu viens ! ». Je ne me le suis pas fait répéter deux fois, seulement je ne suis pas revenu d'où je suis venu , mais je suis allé directement chez ma tante . Ma tante Zoubida  m'aimait beaucoup et ne me posait habituellement jamais de questions indiscrètes .Elle fut  très contente que je restai  chez elle. Bien que son mari de son vivant lui avait construit une grande villa à Ain-Defla ou elle a toute sa famille, elle est retournée vivre dans le quartier de  Kouba , dans son deux-pièces aménagé. Lorsque monsieur Chanu a vu  que je tardais à revenir au lycée, il appela mon père à l'inspection qui lui a répondu ne pas m'avoir pas vu depuis  le lundi passé .M. Chanu ayant une  responsabilité sur les  internes même en retard,  fut pris d'un dépourvu et alors s'ensuivit une alerte pour me retrouver. Pour ma part, j'étais bien content d'être  chez ma tante qui ne se doutait de rien et me couvait de beaucoup de gâteries. Après plusieurs  journées de grève, je décidai finalement de retourner  au lycée. Monsieur Chanu soulagé de me revoir sain et sauf ne me posa pas de questions et depuis, mes retards ne furent plus sanctionnés.
Si on peut conclure à ce petit aperçu qui a précédé, c'est avant tout le triste constat de notre régression scolaire et  culturelle qui a suivi quelques années après l'indépendance. On ne pourra jamais nier  que la puissance colonisatrice nous a laissé un héritage de grande valeur, une langue, un savoir ,une histoire et beaucoup de constructions. Si nous l'avions immédiatement effacé, nous n'aurions jamais eu les premières générations qui ont continué à gérer le pays en période poste indépendante .En ce qui concerne les sciences et les technologies la langue de communication a son importance, parce qu'un pays ne peut progresser en effaçant  les connaissances, la technologie et la langue. Piétiner tout un patrimoine bâti  pendant de longues années ,en contrepartie d'aventures hasardeuses et sans un plan spécifique expérimental, nous a immédiatement fait chuter des sommets que nous avions atteints pour aller nager (ou plutôt nous noyer) dans la médiocrité. Il faudrait  avant tout reconnaître l'échec  des résultats actuels de notre politique scolaire qui est  à la merci d'aventuriers par des décisions unilatérales, et utilisée  comme un champ d'expérimentation continue sur nos enfants. Du primaire à l'université, combien de changements des programmes avec leurs supports ont-ils été effectués ? Pas de consultations réciproques auprès d'experts étrangers ni même du pays, pas de tests de simulation des programmes avant leur  utilisation, bref des théories  inopinés variant d'un ministre à un autre et faisant fi de la déperdition scolaire qui s'en est suivie.Ces programmes scolaires ne sont pas les seuls en cause, mais également le choix de la pédagogie ainsi que le manque de  formation continue des enseignants à qui, sans leur jeter l'opprobre,  on a inculqué un métier à créer des robots soumis. Pour quelles raisons a-t-on cru bon de supprimer la formule du  baccalauréat en deux parties  qui  était plus abordable en gardant  les même valeurs ? C'est-a-dire la première session du bac en classe de seconde et  la deuxième session en terminale. D'abord la charge des matières et du programme du baccalauréat seraient diminuées de moitié, secundo l'élève pourrait avoir l'occasion d'améliorer ses notes ou se rattraper en deuxième session, sans citer les autres problèmes de stress et de surmenage. Nul n'ignore qu'à des fins électorales les résultats du bac sont gonflés   mais l'on constate malheureusement aussi que  notre pays possède actuellement six millions de citoyens qui  ne savent ni lire ni écrire, soit un taux d'analphabétisme de 22%, selon les résultats d'une étude publiée  dans la presse.Mais c'est peut-être aussi le but recherché?
                                                       Collège Victor Hugo Affreville (Algérie)                                                                                                                  Classe de 3e  1961
                                             À gauche M.Yahi professeur de Sciences et de mathématiques                                                                À droite   M. Dornier professeur de français
                                                       Au dortoir du lycée
                                                                         Létude
                                                                 Au volontariat